Détresse. Tristesse serait bien fade. Le temps efface les affres, les atrocités, les douleurs, dit-on. Quelle connerie ! Ça fait, ça fait, je ne sais plus, je ne compte plus. Le temps est relatif, une éternité, c’est long, surtout au début. Ça doit faire des mois et des mois que je pétris, repétris, détruis mes sculptures. Sauf celle-ci, qui me replonge à chaque regard dans des souvenirs terribles, et que j’ai baptisée « Mélancolie », même si le « mel » a été transféré dans les spams de mon intimité, tellement je n’arrive plus à fixer les traits de ton visage.
Mais pourquoi mon Dieu ? Le désespoir est devenu mon puits sans fond. Comme ma culpabilité. Mais de quoi nom de Dieu ! Pourquoi, comment continuer ? Je ne pense plus, mes mains qui pétrissent désormais en autonomie sont devenues ma soupape. Jusqu’à quand ?
Marie, enfin la vie allait nous offrir ma plus belle création, le fruit de notre amour. Toi le modèle, moi la main.
Et lorsque je suis arrivé, la sage-femme m’a simplement dit : « La mère et l’enfant n’ont pas survécu. » Pourquoi, comment continuer à vivre ?
Les obsèques du sculpteur C Laert auront lieu mardi à 15h00 au crématorium.
Jicédé 15.01.24.
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